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LES CARNETS DE ROUTE DE LAURENT BOURDELAS

March 2019

LES CARNETS DE ROUTE DE LAURENT BOURDELAS > DOM JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE

En 1991, j’avais aimé le Don Juan d’origine de Louise Doutreligne, ou la représentation improbable du Don Juan de Tirso de Molina par les Demoiselles du Collège de Saint-Cyr en l’an 1696, d’après Tirso de Molina et la correspondance de Madame de Maintenon, une pièce mise en scène comme toujours avec talent par Jean-Luc Paliès. Le beau spectacle de Jean Lambert-wild et de Lorenzo Malaguerra vient à nouveau de me réjouir, de manière différente. En 1957, dans le Bulletin hispanique, Charles-V. Aubrun écrivait, à propos de la pièce de Tirso de Molina, El burlador de Sevilla : « … le personnage se prête volontiers à une interprétation toute moderne : étranger dans un monde sans lois valables, il se damne en toute lucidité ; seul, il assume son destin. » La version proposée à L’Union est tirée, inspirée, à la fois par Molière, mais aussi par « le mythe de Don Juan », après « la lecture de mille et une versions littéraires, théâtrales et fantasques du mythe ». Et dans ceux qui ont réfléchi [à]et construit ce mythe, on songe aussi inévitablement à Albert Camus, dont on se souvient qu’il fit l’apologie de Don Juan dans Le Mythe de Sisyphe, faisant de lui un exemple de l’homme absurde, en tant que personnage séducteur, conquérant et acteur, qui vit dans l’accumulation d’un présent lucide sans espérer la promesse d’une éternité. « Il ne nourrit aucune espérance quant à l’au-delà, et il se contente d’accumuler le nombre de ses séductions, d’épuiser ses chances d’aventure et de vivre le plus intensément possible chaque instant. Camus considère que la séduction de Don Juan est libératrice. »

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DOM JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE